Bases / définitions de la
Finance comportementale
(3 - Partie B : Incidences sur les marchés)
6. Comportement du marché : anomalies de marché
concernant les volumes, cours, rendements, volatilités
La page d'introduction de cette section annonçait toutes sortes d'accrocs permanents ou
temporaire dans le tissu de l'HEM - Hypothèse d'efficience des marchés.
Voici donc, pour illustrer cette affirmation, une liste des plus importantes de ces
anomalies de
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marché portant sur les prix et rentabilités
financières (rendements).
L'existence des
tendances boursières / cycles boursiers,
momentums / bifurcations / alternances.Ce sont en partie des réactions quasi physiques, mais leurs principales causes sont les
changements de croyances.
De possibles
cassures de tendance (accélération, renversement)
Avec notamment des seuils critiques où le comportement des cours mute
radicalement, un phénomène dit de percolation.
Voire une soudaine
illiquidité (absence d'acheteurs face à une ruée de
vendeurs ou vice-versa).Un phénomène rare, non prévisible si on se contente d'observer des courbes
statistiques de durée courte.
La réaction à
l'information a un rôle crucial.
Mais l'influence du passé, et surtout de la mémoire récente, négligée par l'HEM,
et d'autres erreurs cognitives et émotionnelles affectent ces réactions.
On a au départ une sous-réaction suivie d'une surréaction progressive
(cela aussi explique les tendances / modes boursières).
Suractivité
(overtrading) /
volatilité exagérée sont signes
d'inefficience.Si le marché était efficient, les prix s'ajusteraient instantanément aux informations, et
basta !
Il n'y aurait jamais d'opportunité d'arbitrage, donc très peu de transactions.
La distribution statistique des rendements / cours / volatilités, ne suit pas toujours
la "loi normale" de Gauss-Laplace.Cette loi correspond à la
courbe en cloche : faible dispersion des valeurs,
s'approchant symétriquement d'une valeur moyenne.Si la distribution réelle des données (par exemple des écarts journaliers de prix) n'obéit
pas à cette loi cela permet mal de cerner les probabilités.Or cette distribution réelle tend à s'écarter de cette loi de pur hazard / promenade aléatoire
en montrant :
Des fat tails (ailes épaisses),
Cela correspond à des prix ou variations de prix bien plus éloignés de la
médiane que dans la bonne vieille courbe "normale" Gauss-Laplace.On peut aussi avoir une "long tail", signalant un phénomène très rare
où la variation est exceptionnelle, très brutale et très éloignée de cette médiane
(phénomène d'illiquidité vu plus haut)
Ou encore une loi (dite "de puissance" /
"courbe en L" ) de Pareto :
concentration sur les valeurs extrêmes, et non pas sur une valeur centrale,
Des
asymétries: hausses plus rapide que les chutes, ou chut es que des
hausses.
Des
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congestions / amas (de prix, de volatilité),
De l'hétéroscédasticité (changements de volatilité),
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Boucles de rétroaction (feedback positif, réflexivité)
Un feedback positif (cercle vicieux) a lieu quand le résultat d'une précédente action,
entretient et exagère la dérive (addition) au lieu d'amener une contre-réaction ou
feedback négatif (= soustraction) qui stabiliserait le système (le prix) en le faisant
doucement osciller.
Si le changement de croyance a trop tardé et que la pression accumulée le
déclenche en avalanche, un feedback positif extrême s'amorce.
Il peut s'auto-entretenir (la hausse appelle la hausse et la baisse appelle la baisse)
sous forme de
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bulles / krachs.
Parfois aussi l'évolution du marché financier peut influencer les fondamentaux
économiques (réflexivité)
Souvent les analystes
ratent le premier train boursier et deviennent
plus optimistes / pessimistes seulement après que les prix aient monté / baissé
(voir article précédent: sous-réaction, rationalisation, etc...).Ils adaptent leur
consensus de bénéfices en conséquence.
Ce consensus révisé fait monter / baisser les prix de nouveau.
Cela conduit ces analystes à relever / abaisser encore davantage leurs
anticipations de bénéfices, etc.La raison est souvent qu'un analyste tout seul évite, sauf s'il a des informations
privées privilégiées, à publier une recommandation allant contre la tendance en
cours. Il craint que le résultat de sa recommandation s'écarte (dans le mauvais
sens) de celui de ses collègues si la tendance persiste.
7. Évaluation comportementale des actions boursières
et mesure des risques
Le profilage psychologique des investisseurs.
On peut classer les investisseurs en
types /catégories.
Voire en clans, si l'on tient compte de l'influence de leurs pairs et de l'effet de voisinage.
Chacune de ces tribus a ses propres modes de comportement ou styles.
Le
profilage d'actions (et d'autres actifs) commence aussi par identifier
des types / catégories de
comportements d'actions pour voir ensuite pour chaque action
étudiée si ellesemble correspondre au mieux à l'un d'eux (ou à
plusieurs d'entre eux).
Il s'obtient en divisant le prix de l'action par sa "VEE - Valeur économique estimée" => Ce site montre comment estimer les cours potentiels de l'action en multipliant |
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L'Analyse Technique (AT) suppose que le marché a de la mémoire,
Il part de l'idée que les prix passés, ou le momentum actuel des prix, peuvent donner
uneidée de leur évolution future.L'AT est un outil pour détecter si un tendance (donc le comportement des investisseurs)
va persister ou se retourner.L'AT semble donner certains résultats.
Il semble bien par exemple que les "droites de tendance" existent, en contradiction
avec l'idée d'efficience voulant que les changements de cours seraient une série de
décrochages au hasard des nouvelles informations.Mais l'AT peut être décevante car elle se fie notamment à des signaux graphiques
souvent entremêlés, peu clairs ou arrivant trop tard.L'AT peut dégénérer en heuristique de représentation, le fait de voir des figures
qui ne sont qu'imaginaires.
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L'Analyse Quantitative (QA) se base sur des modèles probabilistes
s'inspirant des statistiques passées,Le "backtesting" de ces modèles (vérification sur les données passées) se fait en
général sur l'historique récente puisque cette analyse sert surtout au "trading" à
court termeElle donne de bons résultats dans les situations courantes, mais peut complètement
échouer quand elle se trouve en territoire inconnu (évènements rares tel qu'indiqués
plus haut, situations entièrement nouvelles...).
Les modèles d'analyse quantitative furent totalement pris à revers lors de la
crise des subprimes.
Les modèles non-linéaires d'évaluation / décision sont un domaine de
recherche de plus en plus actif.Il s'agit soit de simuler les comportement des diverses catégories d'investisseurs en
concurrence entre eux (le risque de cette modélisation est que le poids de chaque
catégorie peut varier, leur comportement changer, ou bien celui de l'ensemble du
marché.Parmi les outils utilisés, citons les
systèmes dynamiques (au comportement
plus complexe, et en même temps plus déterministe, que la promenade aléatoire),
et aussi le calcul souple (soft computing), la théorie du chaos, les fractales, la
logique floue(fuzzy logic), les réseaux neuronaux et les algorithmes génétiques
(voir les contributions sur ces sujets).
Calculs de valeur à risque, de risques extrêmes.
Le risque réel n'est pas l'écart-type de prix ou de rendement utilisé par l'HEM, mais
le risque extrême pouvant causer la ruine totale, ou considéré non acceptable.Les concepts ci-dessus de fat tails et d'héteroscédasticité conduisent aux modèles
appelés ARCH et GARCH, aidant à le mesurer ce risque.
8. Sujets plus généraux ou complémentaires
Les types de
probabilités
(statistiques, subjectives, bayésiennes, imprécises, etc...)
Le concept d'utilité (conduisant à la prime de risque),
La
théorie des jeux se base sur le comportement rationnel des acteurs
(par ex..le dilemme du prisonnier ).Selon les situations il peut y avoir un jeu :
A somme nulle, souvent compétitif
(chacun veut se tailler, au détriment des autres, la plus grand part d'une ressource
limitée)
Ou à somme positive, souvent coopératif (s'ils coopèrent, les gens agrandissent
le gâteau).L'activité boursière est considérée ici comme un jeu, où l'on risque de l'argent,
pratiqué entre les diverses catégories d'investisseurs et à l'intérieur de chacune.
L'économie / finance
expérimentale (observer in vitro ou in vivo les
décisions / actions
des acteurs seuls ou en groupes).
Ceci va au delà de la théorie des jeux, en montrant les comportements réels et leurs
conséquences pécuniaires.
Exemples :
les "paradoxes" présentés à la page (en anglais) probabilités, utilité et décisions
la théorie de la prospective (voir ci-dessus) : les gens trouvent plus grave de
perdre un peu d'argent quede ne pas gagner une plus grande somme.
les expériences sur le mimétisme, sur l'utilité collective, etc.
La
neuroéconomie, une branche des neurosciences, ajoute une nouvelle
dimension à ces expérimentations.En passant le cerveau au scanner elle détecte lesquelles de ses zones, et quelles secrétions
hormonales et aussi quelles ondes électriques permettant des connections, mobilisent
* des émotions particulières (plaisir, souffrance)
* ou au contraire des fonctions cognitives (savoirs, logique),
et entrent en jeu dans la prise de décision sur les questions liées à l'argent.
Les techniques de
marketing utilisées pour créer et distribuer des produits :
financiers (actifs /passifs) motivations, segmentation, profilage (voir ci-dessus)
des clients.
9. Les limites de la FC
La finance ou économie comportementale est un domaine parfois non encore considéré
totalement scientifique ni pratique.Il est vrai qu'il a certaines faiblesses, étant encore trop obnubilé
- par des concepts se référant aux déviations mentales (but thérapeutique ou chasse
aux sorcières ?)- et de façon peut être plus réductrice par les réactions à l'information.
Voici quelques considérations sur ces deux aspects :
* Les anomalies par rapport à la théorie financière standard, donc en donnant une
importance absolue à ses concepts de "normalité" que sont la justesse des
anticipations monétaires de rentabilité et risque, des critères sans doute réducteurs
par rapport aux réalités:- Qu'en est-il de
l'incertitude comme concept plus large que le
risque statistique?- Plus important, qu'en est-il des rentabilités non monétaires, qui peuvent
aussi avoir leur degré de légitimité ?Telles que l'empathie, la peur, le pouvoir, les défis humains, la recherche
d'expériences et de connaissances, et des myriades d'autres buts.* Les réactions aux
évènements (sous-réaction, surreaction...).
Qu'en est-il de l'observation du comportement des acteurs quand il ne se
passe rien au niveau des évènements et des nouvelles......à part du "bruit"
de fond (bavardages de médias, rumeurs de marché, blablas de conseillers
et d'experts...) ?
Il reste beaucoup de choses à observer et étudier dans ces domaines, et plus
généralement concernant ce que les sciences sociales voient comme motifs,
processus et effets de la"prise de décision".
On peut douter que cela puisse être un jour un domaine de connaissances
complètement prédictif (les incertitudes ne disparaîtront pas), autrement que
pour aider à recenser l'éventail des scénarios entre lesquels les décideurs
opteront.Peut-être n'arrêterons-nous jamais d'apprendre de plus en plus de choses sur
l'être humain et les sociétés humaines, une quête commencée il y a des
milliers d'années !
Plan d'ensemble de la section
Finance comportementale
Compléments spécialisés
1 - Introduction
Comportements vs.
efficienceApplications
boursières
2 - Partie A
Anomalies de raisonnement
et de comportement
3 - Partie B
Incidences sur les marchés
Glossaire
complet
en anglaisglossaire 500+ mots-clés
et forum BF 1700+ membres.
4 - Petite liste
Principaux concept de
finance comportementale
Economie
5 - Petit glossaire
Extraits en français
du glossaire en anglais
Bibliographie
* Livres de finance
comportementale* Mes articles sur
l'encyclopédie Knol
Dern.
mise à jour cette page
25/04/15 . |
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